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Les jeux du cirque

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Il s'agit d'une distraction spécifiquement romaine. On les appelle les Circenses Ludi. Selon la légende, les jeux du cirque furent instaurés par Romulus lorsqu'il voulut attirer la population Sabine à Rome afin de fournir des femmes à ses concitoyens. Les cirques sont rares au Haut-Empire: Rome, Carthage, Alexandrie, Nicopolis, Antioche, Tyr, Séleucie et des "pseudo-hippodrome" ou hippodromes non aménagés de façon permanente (Olympie, Delphes, Ancyre…).

Mosaïque 1

Le cirque contrairement à ce que l'on voit dans certain film sert principalement aux courses de chevaux. Le plus connu est le Cirque Maxime de Rome: 150.000 places, puis 250.000 sous l'empereur Néron (54-68 ap-J.C), 255.000 au IIIe siècle. Sénateurs et chevaliers ont des places fixes réservées en 41 et en 63. Trajan (98-117 ap-J.C) fait aménager une loge impériale et l'Empereur désormais ne manquera plus d'assister à ces fameuses courses de chars.

Mosaïque 2

A l'origine les courses de chars étaient dédiées aux dieux infernaux (autel souterrain de Consus) et liées aux rites militaires (retour des armées victorieuses en septembre). Le général triomphateur se rendait du Capitole au cirque en costume triomphal pour présider les courses. De là est né le cérémonial appelé pompa: l'organisateur des jeux en habit triomphal défile dans Rome selon un itinéraire préétabli, suivi par les concurrents et leurs chars, des danseurs, musiciens, porteurs d'objets sacrés et statues des dieux. A l'arrivée au cirque, la foule se lève pour applaudir. Les courses mettent en jeu surtout des chars (Cursus), bien qu'on trouve aussi parfois des courses de cavaliers (Pugna Equestris), des exercices dits troyens (Ludus Trojae) (simulacres de bataille par des enfants), des évolutions de cavalier (Certamen Gymnicum), de la chasse (venatio) et du combat naval (Naumachia). Les cochers sont organisés en factions: ce sont des écuries privées portant une couleur distinctive qui symbolisent les saisons de l'année:

  • bleu (factio veneta=Automne),
  • vert (factio prasina=printemps),
  • blanc (factio alba=Hiver),
  • rouge (factio russata=Eté) (Domitien ajoute pourpre (factio purpurea) et doré (factio aurata) mais ces couleurs disparaîtront très vite).

Ces écuries ont un personnel (vétérinaires, selliers, forgerons) et recrutent chevaux et cochers. Les spectateurs supportent telle ou telle couleur et l'opposition entre supporters rivaux tournent souvent en rixe. Il y a normalement 24 courses par jour au cirque; chaque course oppose un char par faction donc quatre chars maximums. Les places de départ sont tirées au sort. Des hommes que l'on appelle les moratores sont chargés de placer les concurrents sur la ligne de départ. L'organisateur des jeux donne le départ en agitant une serviette blanche (mappa) ou, depuis Néron, en la jetant sur la piste une serviette blanche (Pourtant dans le film Ben Hur qui se déroule à l'époque de Tibère (14-37 ap-J.C), on procède de cette manière pour le départ de la célèbre course). Ce signal déclenche l'ouverture des grilles des stalles ou carceres. Les chars font 7 tours de piste dans le sens de la flèche: ils longent le mur bas qui coupe la piste dans le sens de la longueur (la spina) et tournent le long des bornes qui en marquent les extrémités (les metae).

Mosaïque 3

La spina est décorée de statues, ex-voto. Une installation porte 7 œufs ou 7 dauphins en bronze et à chaque tour on abaisse l'un deux pour indiquer le nombre de tours restant. Les cochers (aurigae ou agitatores) sont vêtus d'une tunique courte, d'un bonnet rembourré et portent un couteau à la ceinture, pour couper les rênes en cas d'accident car les rênes sont nouées au corps et le cocher peut être traîné sur le sol s'il tombe de son char. En général le char a 4 chevaux (quadriga) mais il peut n'en avoir que deux (biga): les deux du milieu sont attachés ensemble à un timon alors que les deux de l'extérieur sont uniquement attachés au char et sont donc libres. Le cocher doit empêcher ces chevaux de divaguer et éviter de se laisser coincer contre les bornes (ce qui ferait briser le char).

Les courses sont surtout tactiques et réclament une grande virtuosité, ce qui explique la popularité immense de certains cochers. Ils sont généralement esclaves au début de leur carrière: après une période d'essai où ils servent semble-t-il dans chaque faction, ils sont achetés par l'une d'elle et restent désormais à son service. Ils peuvent être libérés et continuer à courir libres. Ils gagnent de grosses sommes et de nombreux cadeaux de leurs admirateurs:

Mosaïque 4

"Marcus Aurelius Polynices, plébeien; il vécut 29 ans, 9 mois et 5 jours. Il remporta la palme 789 fois: 655 pour les Rouges, 55 pour les Verts, 12 pour les Bleus, 17 pour les Blancs. Il reçut en récompense 3 fois des prix de 40.000 sesterces, 26 fois des prix de 30.000, 11 fois des prix de second ordre. Il gagna 8 fois avec des chars à 10 chevaux, 8 fois avec des chars à 8 chevaux et 3 fois avec des chars à 6 chevaux."

Au Ie siècle ap-J.C, il y a 66 jours de cirque par an et les principales fêtes sont:

  • - Grands jeux ou jeux romains (2 semaines en septembre)
  • - Jeux plébéiens (en novembre)
  • - Jeux apollinaires (13 juillet) -
  • Jeux megalenses (10 avril)
  • - Jeux floraux (début mai)
  • - Jeux de la victoire de César (juillet)

Mosaïque 5La Pompa Circensis fut abolie par l'empereur Constantin après sa conversion au Christianisme. Les courses de chars perdurèrent jusqu'en 1204 à Byzance. Il n'y avait pas que les courses de chars qui étaient très populaires, la Venatio (la chasse) était également très prisée des Romains. Il s'agissait soit de combats entre humains et bêtes sauvages ou simplement entre animaux. Julius Caesar fut le premier à faire construire un amphithéâtre en bois pour ce type de distraction. Durant la République les représentations furent assez nombreuses: En 251 av-J.C Lucius Mettelus organisa une chasse avec pas moins de 142 éléphants qu'il avait fait ramener de Sicile après sa victoire sur les Carthaginois et qui furent exterminés jusqu'au dernier.

Bas-reliefLes éléphants combattirent pour la première fois durant l'édilité de Claudius Pulcher en 99 av-J.C contre des taureaux. Durant la préture de Sulla, on exhiba plus de 100 lions qui furent tués au javelot par le roi Bocchus. La plus grande Venatio se déroula en 58 av-J.C durant l'édilité de Scaurus. On exhiba des crocodiles et des hippopotames dans un canal creusé pour l'occasion. Pour son second consulat, Pompée donna une représentation grandiose composée de 600 lions et d'une vingtaine d'éléphants. César pour son troisième consulat en 45 av-J.C présenta au peuple des girafes et des léopards.

Mosaïque 6

Il organisa également pour la première fois des combats entre un taureau et un cavalier armé d'une lance, l'ancêtre de la tauromachie. Sous l'Empire la Venatio prit plus d'ampleur car le peuple raffolait de ce genre de spectacle. Lors de l'inauguration du grand amphithéâtre de Titus, on tua 5.000 animaux sauvages et 4.000 apprivoisés. Trajan pour célébrer sa victoire sur les Daces fit exécuter plus de 11.000 animaux si l'on en croît Dion Cassius (LXVIII. 15). Lors du millénaire de Rome en 247 ap-J.C, l'empereur Philippe l'Arabe (244-249 ap-J.C) exhiba 32 éléphants, 10 élans, 10 tigres, 60 lions apprivoisés, 30 léopards apprivoisés, 10 hyènes, 1 hippopotame, 1 rhinocéros, 20 zèbres, 40 chevaux sauvages et des milliers d'animaux divers. La Venatio survécut au combat de gladiateurs et on continua à exhiber des animaux à Constantinople au VIe siècle.